02Loti : ces livres une duperie – une âme peu intéressante, des sens excellents et
03 vifs très frappés des paysages, des êtres des costumes.
04comme sentiment des impression très-générales, et banales, de solitude
05 de distance, d'absence – un élégiaque de garnison – et un insupportable
06
midshipman, qui est toujours un peu étonné et tout fier d'être
07 si loin de sa
patrie.
08Ett comme cela a pris sur le public – une moyenne tout entière
09 de
voyageurs s'y est reconnu (tout voyageur à Constantinople
10 affirme l'authenticité de la description de Loti – autant d'admirateurs
11
acquis flattés de cette rencontre et de cette unanimité de vision.)
12Il faudrait, peut-être que l'œuvre d'un écrivain heurtât le lecteur
13 surpris et dépaysé, et incapable du
terrible : C'est bien ça, j'ai
14 aussi éprouvé etc" Puis peu à peu, une conformité s'établirait
15 lentement – ce serait comme arrachée de très loin – et ce serait
16 signe
peut-être que l'œuvre est très profonde, divinatoire et
17 correspondante aux choses secrètes qui sont
en nous.
18 De là infériorité des œuvres comme Werthe, Cruelle énigme
À Rebours etc.
19 et beauté d'un roman tel que l'Éducation ou Bouvard et Pécuchet.
20
21La beauté de l'œuvre d'art se mesure peut-être à la difficulté de s'y
22 identifier. On est plus
facilement Fortunio que Saint-Antoine.
23 Aussi La Tentation est-elle radieusement
supérieure.
Loti : ses livres, une duperie – une âme peu intéressante, des sens excellents et vifs, très frappés des paysages, des êtres, des costumes.
Comme sentiment, des impressions très générales, et banales, de solitude, de distance, d'absence – un élégiaque de garnison – et un insupportable midshipman, qui est toujours un peu étonné et tout fier d'être si loin de sa patrie.
Et comme cela a pris sur le public – une moyenne tout entière de voyageurs s'y est reconnue (tout voyageur à Constantinople affirme l'authenticité de la description de Loti – autant d'admirateurs acquis flattés de cette rencontre et de cette unanimité de vision.)
Il faudrait, peut-être, que l'œuvre d'un écrivain heurtât le lecteur surpris et dépaysé, et incapable du terrible : "C'est bien ça, j'ai aussi éprouvé, etc." Puis peu à peu, une conformité s'établirait lentement – comme arrachée de très loin – et ce serait signe peut-être que l'œuvre est très profonde, divinatoire et correspondante aux choses secrètes qui sont en nous.
De là, infériorité des œuvres comme Werther, Cruelle énigme, À rebours, etc., et beauté d'un roman tel que l'Éducation ou Bouvard et Pécuchet.
La beauté de l'œuvre d'art se mesure peut-être à la difficulté de s'y identifier. On est plus facilement Fortunio que Saint-Antoine. Aussi La Tentation est-elle radieusement supérieure.
02Loti : ces livres une duperie – une âme peu intéressante, des sens excellents et
03 vifs très frappés des paysages, des êtres des costumes.
04comme sentiment des impression très-générales, et banales, de solitude
05 de distance, d'absence – un élégiaque de garnison – et un insupportable
06
midshipman, qui est toujours un peu étonné et tout fier d'être
07 si loin de sa
patrie.
08Ett comme cela a pris sur le public – une moyenne tout entière
09 de
voyageurs s'y est reconnu (tout voyageur à Constantinople
10 affirme l'authenticité de la description de Loti – autant d'admirateurs
11
acquis flattés de cette rencontre et de cette unanimité de vision.)
12Il faudrait, peut-être que l'œuvre d'un écrivain heurtât le lecteur
13 surpris et dépaysé, et incapable du
terrible : C'est bien ça, j'ai
14 aussi éprouvé etc" Puis peu à peu, une conformité s'établirait
15 lentement – ce serait comme arrachée de très loin – et ce serait
16 signe
peut-être que l'œuvre est très profonde, divinatoire et
17 correspondante aux choses secrètes qui sont
en nous.
18 De là infériorité des œuvres comme Werthe, Cruelle énigme
À Rebours etc.
19 et beauté d'un roman tel que l'Éducation ou Bouvard et Pécuchet.
20
21La beauté de l'œuvre d'art se mesure peut-être à la difficulté de s'y
22 identifier. On est plus
facilement Fortunio que Saint-Antoine.
23 Aussi La Tentation est-elle radieusement
supérieure.
Loti : ses livres, une duperie – une âme peu intéressante, des sens excellents et vifs, très frappés des paysages, des êtres, des costumes.
Comme sentiment, des impressions très générales, et banales, de solitude, de distance, d'absence – un élégiaque de garnison – et un insupportable midshipman, qui est toujours un peu étonné et tout fier d'être si loin de sa patrie.
Et comme cela a pris sur le public – une moyenne tout entière de voyageurs s'y est reconnue (tout voyageur à Constantinople affirme l'authenticité de la description de Loti – autant d'admirateurs acquis flattés de cette rencontre et de cette unanimité de vision.)
Il faudrait, peut-être, que l'œuvre d'un écrivain heurtât le lecteur surpris et dépaysé, et incapable du terrible : "C'est bien ça, j'ai aussi éprouvé, etc." Puis peu à peu, une conformité s'établirait lentement – comme arrachée de très loin – et ce serait signe peut-être que l'œuvre est très profonde, divinatoire et correspondante aux choses secrètes qui sont en nous.
De là, infériorité des œuvres comme Werther, Cruelle énigme, À rebours, etc., et beauté d'un roman tel que l'Éducation ou Bouvard et Pécuchet.
La beauté de l'œuvre d'art se mesure peut-être à la difficulté de s'y identifier. On est plus facilement Fortunio que Saint-Antoine. Aussi La Tentation est-elle radieusement supérieure.
Édition numérique des Cahiers d’Henri de Régnier
