Principes d'édition

L'établissement du texte

Conçue dans le sillage ouvert par les premiers éditeurs (Les Cahiers inédits, édition de David J. Niederauer et François Broche, Paris, Pygmalion-Gérard Watelet, 2002), la présente édition a pour première ambition de mettre à la disposition des lecteurs un texte entièrement révisé, corrigé et complété, établi sur les manuscrits originaux (pour la localisation de ces manuscrits, voir dans ce menu la rubrique « Projet & Corpus »). Cet objectif impliquait de prendre en compte deux exigences philologiques potentiellement inconciliables:

  • une exigence de fidélité au texte manuscrit d’une part, qui commande de le restituer en l’état, avec les hésitations (ratures de suppression ou de correction, surcharges, etc.) et les imperfections (mots tronqués, illisibles ou malaisément déchiffrables, orthographe ou syntaxe fautives, ponctuation défaillante ou déroutante, etc.) qui sont celles d’une écriture pour soi-même et (sauf exception) de premier jet;
  • une exigence de lisibilité de l’autre, qui requiert à l’inverse de neutraliser les hésitations du texte et d’en corriger les imperfections dès lors qu’elles sont susceptibles d’en affecter la compréhension ou de nuire à l’agrément de la lecture.

Les techniques d’édition numérique offrent la possibilité de concilier ces exigences, le protocole d’encodage élaboré nous permettant de proposer concurremment, en regard des fac-similés des manuscrits, deux transcriptions distinctes répondant à des usages complémentaires:

  • Une transcription semi-diplomatique, qui vise à donner à lire (et à voir) le texte des Cahiers tel qu’il se donne à lire (et à voir) sur les manuscrits originaux (seule l’accentuation, que Régnier pratique de manière fort aléatoire, a été systématiquement rétablie) et à en restituer la disposition à l’identique, non sans prendre en compte en particulier, au-delà des données textuelles stricto sensu, les divers repères graphiques (traits verticaux, coches, etc.) que l’auteur a tracés çà et là dans les marges (ces repères signalant en règle générale un passage qu’il a réemployé ou songé à réemployer ailleurs), ainsi que les dispositifs de séparation marquant un intervalle entre deux notes (simples blanc ou, le plus souvent, séparateurs graphiques de formes diverses que l’on a restitués schématiquement par un trait horizontal. Cette transcription semi-diplomatique est en outre enrichie de certaines fonctionnalités avancées (pour le détail, voir le menu « Mode d’emploi »).
  • Une transcription linéarisée, conçue dans un souci de lisibilité, à l’exclusion de toute autre considération: on s’est borné à suppléer ce qui faisait défaut (ponctuation, mots ou lettres, etc.) et à corriger ce qui était fautif (orthographe, syntaxe, ponctuation) dans les cas où de telles modifications s’imposaient au regard de cet objectif.

Fruit d’un travail collectif, l’établissement de cette double transcription est soumise à un protocole très strict de relecture et de validation.

L'organisation des Cahiers

La présente édition étant sous-tendue par l’ambition d’appréhender le texte des Cahiers dans sa double dimension textuelle et matérielle, on a veillé à en respecter l’organisation.

Le texte est donc organisé en deux rubriques distinctes (« Cahiers » et « Années »), présentées chacune sous la forme d’un menu déroulant, dispositif qui correspond grosso modo aux deux systèmes de division successivement adoptés par l’auteur (pour le détail, voir la Table des Cahiers dans le menu « Dossier »):

  • La première rubrique (« Cahiers ») correspond à la période 1887-1905. De 1887 à 1900, le journal est en effet divisé en « Cahiers » numérotés (soit un ensemble de 24 « Cahiers », les trois premiers ayant été perdus ou détruits, et le « Cahier XVII » étant suivi d’un « Cahier XVII bis »). Dans un souci de simplification, on a joint à cet ensemble, à la suite des « Cahiers », les trois unités suivantes, intitulés respectivement « Notes » (pour les deux premières) et « Journal » (pour la troisième) et correspondant à la période 1900-1905. L’ensemble des sections regroupées dans cette rubrique ont en commun qu’elles ne coïncident pas, par leur empan chronologique, à des divisions calendaires par années et que, munies chacune d’une page de titre individuelle (plus élaborée dans le cas des « Cahiers », plus rudimentaire pour les trois unités suivantes), elles constituent des unités de composition à part entière : on s’est attaché à les donner à lire comme telles, chacune faisant l’objet d’une notice de présentation propre.
  • La seconde rubrique (« Années ») correspond à la période 1906-1936. Renonçant définitivement au mode d’organisation par « Cahiers » (très probablement corrélé à l’utilisation du cahier comme support d’écriture), Régnier adopte, d’abord rétrospectivement puis en temps réel, un système de division par années (où se décèle la prégnance croissante du modèle du journal).

Le paratexte critique

L’ambition de la présente édition est également d’éclairer la lecture des Cahiers à travers un paratexte critique diversifié, élaboré autour de quatre axes principaux:

  • éclairages d’ordre philologique ou codicologique (relatifs à l’établissement du texte et/ou à la matérialité des manuscrits);
  • éclairages d’ordre linguistique ou stylistique;
  • éclairages d’ordre historique ou biographique (l’accent sera mis notamment sur les aspects relatifs à la chronologie de l’écriture et/ou à celle des faits rapportés explicitement ou allusivement);
  • éclairages d’ordre littéraire ou génétique (l’accent est porté en particulier sur les phénomènes d’intertextualité et sur le repérage des cas de réemplois, à l’identique ou non, immédiats ou différés, massifs ou ténus, dans les œuvres publiés).

Afin d’en optimiser l’utilité et d’en faciliter l’utilisation, on a structuré cet appareil critique sous la forme de trois dispositifs complémentaires:

  • les notices liminaires introduisent les différentes unités (voir ci-dessus « L’organisation des Cahiers ») par une présentation du contexte historique et biographique, une analyse littéraire et une brève description matérielle;
  • les annotations, signalés dans la transcription par un appel de note numéroté, procurent des informations pertinentes localement (c’est-à-dire en contexte);
  • les notices, appelées dans la transcription par le symbole « i » et rassemblées par ordre alphabétique dans le menu « Dictionnaire », fournissent des éclairages pertinents globalement (c’est-à-dire pour l’ensemble des occurrences d’un terme, nom propre ou notion).

Les contributions à ce triple dispositif (notices liminaires, annotations, notices) sont toujours signées des initiales du chercheur qui en a assuré la rédaction (leur publication ayant été préalablement soumise à un protocole de relecture et de validation).

Ce paratexte critique est en outre complété par les contenus et les outils proposés dans le menu « Dossier »:

  • une chronologie établie par Pierre Lachasse;
  • une bibliographie (primaire et secondaire) également établie par Pierre Lachasse et régulièrement mise à jour;
  • une table des Cahiers établie par Bernard Roukhomovsky;
  • trois index (œuvres citées, noms propres et notions) permettant notamment de localiser les différentes occurrences des termes constituant les entrées du Dictionnaire.