02Septembre –
03Ô cette nuit, cette nuit de lointain voyage, en rêve, et mes yeux ouverts sur
04les choses coutumières sont pleins encore d'autres horizons
étalés sur
05de vastes mers, et mes oreilles bourdonnent encore du bruit de flots
06Il me semble que je suis arrivé au bout de ma vie que la mort est si
07proche qu'elle est déjà passée
08Poème des Épisodes137138
09Et la face de pierre et d'ombre me dit : Autrefois je veillais à la garde des ponts
10accroupi vers ceux qui venaient pour passer le fleuve je regardais insensible
11et immobile le défilé des caravanes et des cavaleries, si des femmes passaient
12très belles, en chantant, mes mamelles aiguës ruisselaient de lait, et
13mes yeux s'allumaient de convoitises mais elles passaient innombrables
14et indifférentes à ma pose de veille et de garde, et jamais une d'elle n'a
15grimpé sur mon piédestal et n'a baisé
mes lèvres, le sort
mauvai me
16fixait là, la nuit, je hurlais dans les ténèbres et ma queu de lionne
17battait mes flancs maigres.
18Pendant de siècles j'ai maigri, pendant de siècle les enfant qui se
19baignai, virent sur le couchant barré par le pont, sous les arches
20en baies d'or, et sur
l'incendie des soirs, ma croupe prostrée arquer
21ses cuisses..
22Pui sont venus les temps des grands désastres, des peuples migrateurs
23et affolés de quelque poursuite invisible, on passe sur le pont,
24hurlant comme sous les lanières d'un fouet, leur flot battait
25mon piédestal, le sang jailliss à mes bandelettes, des poussières
26d'hommes ont séché mes lèvres de pierre et terni mes yeux139
Septembre –
Ô cette nuit, cette nuit de lointain voyage, en rêve, et mes yeux ouverts sur les choses coutumières sont pleins encore d'autres horizons étalés sur de vastes mers, et mes oreilles bourdonnent encore du bruit de flots.
Il me semble que je suis arrivé au bout de ma vie, que la mort est si proche, qu'elle est déjà passée.
Poème des Épisodes137138
Et la face de pierre et d'ombre me dit : "Autrefois je veillais à la garde des ponts ; accroupie vers ceux qui venaient pour passer le fleuve, je regardais, insensible et immobile, le défilé des caravanes et des cavaleries ; si des femmes passaient très belles, en chantant, mes mamelles aiguës ruisselaient de lait, et mes yeux s'allumaient de convoitises ; mais elles passaient, innombrables et indifférentes à ma pose de veille et de garde, et jamais une d'elle n'a grimpé sur mon piédestal et n'a baisé mes lèvres ; le sort mauvais me fixait là ; la nuit, je hurlais dans les ténèbres, et ma queue de lionne battait mes flancs maigres.
Pendant des siècles j'ai maigri, pendant des siècles les enfants qui se baignaient, virent sur le couchant barré par le pont, sous les arches en baies d'or, et sur l'incendie des soirs, ma croupe prostrée arquer ses cuisses..
Puis sont venus les temps des grands désastres, des peuples migrateurs et affolés de quelque poursuite invisible ; on passe sur le pont, hurlant comme sous les lanières d'un fouet, leur flot battait mon piédestal, le sang jaillissait à mes bandelettes, des poussières d'hommes ont séché mes lèvres de pierre et terni mes yeux139
02Septembre –
03Ô cette nuit, cette nuit de lointain voyage, en rêve, et mes yeux ouverts sur
04les choses coutumières sont pleins encore d'autres horizons
étalés sur
05de vastes mers, et mes oreilles bourdonnent encore du bruit de flots
06Il me semble que je suis arrivé au bout de ma vie que la mort est si
07proche qu'elle est déjà passée
08Poème des Épisodes137138
09Et la face de pierre et d'ombre me dit : Autrefois je veillais à la garde des ponts
10accroupi vers ceux qui venaient pour passer le fleuve je regardais insensible
11et immobile le défilé des caravanes et des cavaleries, si des femmes passaient
12très belles, en chantant, mes mamelles aiguës ruisselaient de lait, et
13mes yeux s'allumaient de convoitises mais elles passaient innombrables
14et indifférentes à ma pose de veille et de garde, et jamais une d'elle n'a
15grimpé sur mon piédestal et n'a baisé
mes lèvres, le sort
mauvai me
16fixait là, la nuit, je hurlais dans les ténèbres et ma queu de lionne
17battait mes flancs maigres.
18Pendant de siècles j'ai maigri, pendant de siècle les enfant qui se
19baignai, virent sur le couchant barré par le pont, sous les arches
20en baies d'or, et sur
l'incendie des soirs, ma croupe prostrée arquer
21ses cuisses..
22Pui sont venus les temps des grands désastres, des peuples migrateurs
23et affolés de quelque poursuite invisible, on passe sur le pont,
24hurlant comme sous les lanières d'un fouet, leur flot battait
25mon piédestal, le sang jailliss à mes bandelettes, des poussières
26d'hommes ont séché mes lèvres de pierre et terni mes yeux139
Septembre –
Ô cette nuit, cette nuit de lointain voyage, en rêve, et mes yeux ouverts sur les choses coutumières sont pleins encore d'autres horizons étalés sur de vastes mers, et mes oreilles bourdonnent encore du bruit de flots.
Il me semble que je suis arrivé au bout de ma vie, que la mort est si proche, qu'elle est déjà passée.
Poème des Épisodes137138
Et la face de pierre et d'ombre me dit : "Autrefois je veillais à la garde des ponts ; accroupie vers ceux qui venaient pour passer le fleuve, je regardais, insensible et immobile, le défilé des caravanes et des cavaleries ; si des femmes passaient très belles, en chantant, mes mamelles aiguës ruisselaient de lait, et mes yeux s'allumaient de convoitises ; mais elles passaient, innombrables et indifférentes à ma pose de veille et de garde, et jamais une d'elle n'a grimpé sur mon piédestal et n'a baisé mes lèvres ; le sort mauvais me fixait là ; la nuit, je hurlais dans les ténèbres, et ma queue de lionne battait mes flancs maigres.
Pendant des siècles j'ai maigri, pendant des siècles les enfants qui se baignaient, virent sur le couchant barré par le pont, sous les arches en baies d'or, et sur l'incendie des soirs, ma croupe prostrée arquer ses cuisses..
Puis sont venus les temps des grands désastres, des peuples migrateurs et affolés de quelque poursuite invisible ; on passe sur le pont, hurlant comme sous les lanières d'un fouet, leur flot battait mon piédestal, le sang jaillissait à mes bandelettes, des poussières d'hommes ont séché mes lèvres de pierre et terni mes yeux139