02Il y a dans la cour, près du lent canal herbe, verd de lentilles d'eau
03où trempent les branches retombantes d'un frêne pleureur.
04deux hêtres pourpres. Dans le soleil les feuilles étincellent comme
05les écailles de laque d'une armure japonaise, avec des éclairs
06et dans le carmin sombre de leur mâne desles taches de vermillon
07clair d'une feuille retroussée par le vent, et dans le soir ils noircissent
08et s'immobilisent comme des
arbres de bronze.
09 Il y a des jours où dans l'étouffante chaleur, la fraicheu subit
10vous donne l'impression d'un homme à moitié pendu à qui
11on couperait la corde qui l'étrangle
12 Un soir dans le silence de la nuit, un son de corne réveilla le village
13d'un cri, au feu , et dans le murmure indistinct des voix éveillées
14j'entendais, là-bas, sur la route, diminuant, le bruit des
15galoches de
paysans qui couraient
16 Certaines descriptions des Goncourt sont trop détaillées vues de
17trop près, trop immédiates, d'après nature plus qu'il ne faudrait
18dans leur désir de ne rien perdre du spectacle qu'ils on ils
19se hâtent de saisir les aspects inutiles — Ils notent au lieu
20d'évoquer, et ne laissent pas au temps le soin de faire
21l'élimination apre laquele ne subsistent que les traits distincts
Il y a dans la cour, près du lent canal herbu, verdi de lentilles d'eau où trempent les branches retombantes d'un frêne pleureur. Deux hêtres pourpres. Dans le soleil, les feuilles étincellent comme les écailles de laque d'une armure japonaise, avec des éclairs, et dans le carmin sombre de leur mâne les taches de vermillon clair d'une feuille retroussée par le vent, et dans le soir ils noircissent et s'immobilisent comme des arbres de bronze.
Il y a des jours où dans l'étouffante chaleur, la fraîcheur subite vous donne l'impression d'un homme à moitié pendu à qui on couperait la corde qui l'étrangle.
Un soir dans le silence de la nuit, un son de corne réveilla le village d'un cri, "au feu !", et dans le murmure indistinct des voix éveillées j'entendais, là-bas, sur la route, diminuant, le bruit des galoches de paysans qui couraient.
Certaines descriptions des Goncourt sont trop détaillées, vues de trop près, trop immédiates, d'après nature plus qu'il ne faudrait dans leur désir de ne rien perdre du spectacle ils se hâtent de saisir les aspects inutiles. Ils notent au lieu d'évoquer, et ne laissent pas au temps le soin de faire l'élimination après laquelle ne subsistent que les traits distincts.
02Il y a dans la cour, près du lent canal herbe, verd de lentilles d'eau
03où trempent les branches retombantes d'un frêne pleureur.
04deux hêtres pourpres. Dans le soleil les feuilles étincellent comme
05les écailles de laque d'une armure japonaise, avec des éclairs
06et dans le carmin sombre de leur mâne desles taches de vermillon
07clair d'une feuille retroussée par le vent, et dans le soir ils noircissent
08et s'immobilisent comme des
arbres de bronze.
09 Il y a des jours où dans l'étouffante chaleur, la fraicheu subit
10vous donne l'impression d'un homme à moitié pendu à qui
11on couperait la corde qui l'étrangle
12 Un soir dans le silence de la nuit, un son de corne réveilla le village
13d'un cri, au feu , et dans le murmure indistinct des voix éveillées
14j'entendais, là-bas, sur la route, diminuant, le bruit des
15galoches de
paysans qui couraient
16 Certaines descriptions des Goncourt sont trop détaillées vues de
17trop près, trop immédiates, d'après nature plus qu'il ne faudrait
18dans leur désir de ne rien perdre du spectacle qu'ils on ils
19se hâtent de saisir les aspects inutiles — Ils notent au lieu
20d'évoquer, et ne laissent pas au temps le soin de faire
21l'élimination apre laquele ne subsistent que les traits distincts
Il y a dans la cour, près du lent canal herbu, verdi de lentilles d'eau où trempent les branches retombantes d'un frêne pleureur. Deux hêtres pourpres. Dans le soleil, les feuilles étincellent comme les écailles de laque d'une armure japonaise, avec des éclairs, et dans le carmin sombre de leur mâne les taches de vermillon clair d'une feuille retroussée par le vent, et dans le soir ils noircissent et s'immobilisent comme des arbres de bronze.
Il y a des jours où dans l'étouffante chaleur, la fraîcheur subite vous donne l'impression d'un homme à moitié pendu à qui on couperait la corde qui l'étrangle.
Un soir dans le silence de la nuit, un son de corne réveilla le village d'un cri, "au feu !", et dans le murmure indistinct des voix éveillées j'entendais, là-bas, sur la route, diminuant, le bruit des galoches de paysans qui couraient.
Certaines descriptions des Goncourt sont trop détaillées, vues de trop près, trop immédiates, d'après nature plus qu'il ne faudrait dans leur désir de ne rien perdre du spectacle ils se hâtent de saisir les aspects inutiles. Ils notent au lieu d'évoquer, et ne laissent pas au temps le soin de faire l'élimination après laquelle ne subsistent que les traits distincts.
Édition numérique des Cahiers d’Henri de Régnier