02Sous l'azur clair s'étendent de préraphaélites111 prairies aux semis
03de fleurettes...
04Ce soir vers les cinq heures je suis assis sur le talus d'une des terrasses
05du jardin, le ciel très doux voilé de vapeurs et rayé au nord de
06bandes paralle d'azur et de nuages blancs — à mes pieds le premier
07bassin en sa bordure de pierre, tout noir, la maison semble en relief
08sur les collines de l'horizon, où le vert des bois est taché de trous d'ombre
09les hirondelles, décrivent les courbes de leurs vols, rompue d'angles
10aigus avec de petits cris. Devant moi, un petit arbre, me semble très
11haut, plus haut que la maison et épanouit en plein ciel sa touffe
12de feuilles — sur le pont, là bas, et par l'allée, les deux soeurs viennent
13toutes noires avec leurs cornettes blanches donnant la mai chacu
14à la petite L. qui marche entre elles en se tordant les jambes
15et pour lui parler, elles s'essaient au langage enfantin et zezayant
16des mères, ce langage de volontaire balbutié, qui est comme une
17humilité et un agenouillement devant l'enfance, et son ignorance
18divine...
19Ce bois, ce petit bois que je connais, dont j'ai foulé chaque allée,
20conserve malgré sa familia, de coins d'ombre inquiétante, de endroits
21qui me semblent très lointains, presque inaccessible, avec quelques
22de mystérieux et de terrifiant
Sous l'azur clair, s'étendent de préraphaélites111 prairies aux semis de fleurettes...
Ce soir, vers les cinq heures, je suis assis sur le talus d'une des terrasses du jardin ; le ciel très doux voilé de vapeurs et rayé au nord de bandes parallèles d'azur et de nuages blancs — à mes pieds, le premier bassin en sa bordure de pierre, tout noir ; la maison semble en relief sur les collines de l'horizon, où le vert des bois est taché de trous d'ombre ; les hirondelles décrivent les courbes de leurs vols, rompues d'angles aigus avec de petits cris. Devant moi, un petit arbre me semble très haut, plus haut que la maison, et épanouit en plein ciel sa touffe de feuilles — sur le pont, là-bas, et par l'allée, les deux soeurs viennent toutes noires avec leurs cornettes blanches, donnant la main chacune à la petite L. qui marche entre elles en se tordant les jambes et pour lui parler, elles s'essaient au langage enfantin et zezayant des mères, ce langage de volontaire balbutié, qui est comme une humilité et un agenouillement devant l'enfance et son ignorance divine...
Ce bois, ce petit bois que je connais, dont j'ai foulé chaque allée, conserve malgré sa familiarité, des coins d'ombre inquiétante, des endroits qui me semblent très lointains, presque inaccessibles, avec quelque chose de mystérieux et de terrifiant.
02Sous l'azur clair s'étendent de préraphaélites111 prairies aux semis
03de fleurettes...
04Ce soir vers les cinq heures je suis assis sur le talus d'une des terrasses
05du jardin, le ciel très doux voilé de vapeurs et rayé au nord de
06bandes paralle d'azur et de nuages blancs — à mes pieds le premier
07bassin en sa bordure de pierre, tout noir, la maison semble en relief
08sur les collines de l'horizon, où le vert des bois est taché de trous d'ombre
09les hirondelles, décrivent les courbes de leurs vols, rompue d'angles
10aigus avec de petits cris. Devant moi, un petit arbre, me semble très
11haut, plus haut que la maison et épanouit en plein ciel sa touffe
12de feuilles — sur le pont, là bas, et par l'allée, les deux soeurs viennent
13toutes noires avec leurs cornettes blanches donnant la mai chacu
14à la petite L. qui marche entre elles en se tordant les jambes
15et pour lui parler, elles s'essaient au langage enfantin et zezayant
16des mères, ce langage de volontaire balbutié, qui est comme une
17humilité et un agenouillement devant l'enfance, et son ignorance
18divine...
19Ce bois, ce petit bois que je connais, dont j'ai foulé chaque allée,
20conserve malgré sa familia, de coins d'ombre inquiétante, de endroits
21qui me semblent très lointains, presque inaccessible, avec quelques
22de mystérieux et de terrifiant
Sous l'azur clair, s'étendent de préraphaélites111 prairies aux semis de fleurettes...
Ce soir, vers les cinq heures, je suis assis sur le talus d'une des terrasses du jardin ; le ciel très doux voilé de vapeurs et rayé au nord de bandes parallèles d'azur et de nuages blancs — à mes pieds, le premier bassin en sa bordure de pierre, tout noir ; la maison semble en relief sur les collines de l'horizon, où le vert des bois est taché de trous d'ombre ; les hirondelles décrivent les courbes de leurs vols, rompues d'angles aigus avec de petits cris. Devant moi, un petit arbre me semble très haut, plus haut que la maison, et épanouit en plein ciel sa touffe de feuilles — sur le pont, là-bas, et par l'allée, les deux soeurs viennent toutes noires avec leurs cornettes blanches, donnant la main chacune à la petite L. qui marche entre elles en se tordant les jambes et pour lui parler, elles s'essaient au langage enfantin et zezayant des mères, ce langage de volontaire balbutié, qui est comme une humilité et un agenouillement devant l'enfance et son ignorance divine...
Ce bois, ce petit bois que je connais, dont j'ai foulé chaque allée, conserve malgré sa familiarité, des coins d'ombre inquiétante, des endroits qui me semblent très lointains, presque inaccessibles, avec quelque chose de mystérieux et de terrifiant.
Édition numérique des Cahiers d’Henri de Régnier