ENCHRE - Cahier cahier V

CAHIER V - page 41

Texte incertain

Texte fautif

Termes repérés

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03tout cela qui fait maintenant ma joie et me donne le désir
04d'en tenter de nouveau l'épreuve, aux mêmes lieux, est-ce qu'alors
05je m'en rendais compte, est-ce que je savais que j'en jouerais
06plus tard, et qui sait si cette promenade d'aujourd'hui, par ce
07ciel voilé, après la mystérieuse incobation du temps, ne me donnera
08pas un jour des sensations que je voudrai, alors, comme aujourd'hui,
09celles d'autrefois, reconquérir pleinement, et en réalité, non en
10souvenir – oubliant que le souvenir est tout – pour moi du moins à qui le présent paraît toujours amere et méprisable !

11Quelqu'un me disait : il fait toujours froid chez elle, on chauffe son
12poêle avec de la neige.

13 Vendredi soir de mai
14Près d'une semaine que je n'ai rien écrit ici – j'ai été emporté
15par un "tourbillon de plaisirs" comme il est dit en des livres de
16confessionnaux – un Samedi soir – en soirée chez les Rorty – rien de
17rien – une douce banalité très Faubourg du reste – Dimanche
18chez St Chéron le dîner ordinaire. Lundi soir au Cirque
19Mardi chez Mallarméⁱ, Mercredi dîner chez Vieléⁱ, Jeudi chez Metman. ce soir enfin je tâche de me reprendre un peu

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tout cela qui fait maintenant ma joie et me donne le désir d'en tenter de nouveau l'épreuve, aux mêmes lieux, est-ce qu'alors je m'en rendais compte, est-ce que je savais que j'en jouerais plus tard, et qui sait si cette promenade d'aujourd'hui, par ce ciel voilé, après la mystérieuse incobation du temps, ne me donnera pas un jour des sensations que je voudrai, alors, comme aujourd'hui, celles d'autrefois, reconquérir pleinement, et en réalité, non en souvenir – oubliant que le souvenir est tout – pour moi du moins à qui le présent paraît toujours amer et méprisable !

Quelqu'un me disait : il fait toujours froid chez elle, on chauffe son poêle avec de la neige.

Vendredi soir de mai Près d'une semaine que je n'ai rien écrit ici – j'ai été emporté par un "tourbillon de plaisirs" comme il est dit en des livres de confessionnaux – un Samedi soir – en soirée chez les Rorty – rien de rien – une douce banalité très Faubourg du reste – Dimanche chez St Chéron le dîner ordinaire. Lundi soir au Cirque , Mardi chez Mallarméⁱ, Mercredi dîner chez Vieléⁱ, Jeudi chez Metman. Ce soir enfin je tâche de me reprendre un peu.

76: On peut lire ici une des expressions les plus tourmentées à tous égards de la relation que Régnier entretient avec le temps. Deux moments se relaient : d’abord l’expression d’un désir en forme de rêverie, où aux impressions récentes se superposent des impressions anciennes et précieuses ; ensuite, une interrogation complexe qui met en tension le passé et le présent dans ce qu’on pourrait appeler un désir de présent, aussitôt rejeté par une pétition de principe – la façon négative dont Régnier conçoit sa propre relation au présent. Prétendre vivre le présent seulement comme un passé rétrospectif, c’est aiguiser les termes de la contradiction et s’imposer une gageure intenable : revivre au présent les sensations du passé sans la dimension du souvenir qui « est tout » pour Régnier, et alors même que « le présent apparaît toujours amer et méprisable ». Un tel passage montre à quel point la description des Cahiers et de leur rapport au temps est complexe et se refuse à toute généralité. [#BV]
77: Le Nouveau Cirque, 251 rue Saint-Honoré, présente alors tous les soirs un spectacle intitulé La Foire de Séville. Cette salle, qui possède un bassin aquatique amovible, est destinée à accueillir les attractions les plus diverses. Inauguré le 12 février 1886 sur les lieux abandonnés par le célèbre Bal Valentino, le Nouveau Cirque bénéficie d’une vaste publicité grâce notamment aux affiches art nouveau de Jules Chéret. Il est détruit en 1929 et le nouveau bâtiment édifié dans les années trente abrite aujourd’hui l’hôtel Mandarin Oriental de Paris. [#PL]

Texte incertain

Texte fautif

Termes repérés

11Quelqu'un me disait : il fait toujours froid chez elle, on chauffe son
12poêle avec de la neige.

Quelqu'un me disait : il fait toujours froid chez elle, on chauffe son poêle avec de la neige.

76: On peut lire ici une des expressions les plus tourmentées à tous égards de la relation que Régnier entretient avec le temps. Deux moments se relaient : d’abord l’expression d’un désir en forme de rêverie, où aux impressions récentes se superposent des impressions anciennes et précieuses ; ensuite, une interrogation complexe qui met en tension le passé et le présent dans ce qu’on pourrait appeler un désir de présent, aussitôt rejeté par une pétition de principe – la façon négative dont Régnier conçoit sa propre relation au présent. Prétendre vivre le présent seulement comme un passé rétrospectif, c’est aiguiser les termes de la contradiction et s’imposer une gageure intenable : revivre au présent les sensations du passé sans la dimension du souvenir qui « est tout » pour Régnier, et alors même que « le présent apparaît toujours amer et méprisable ». Un tel passage montre à quel point la description des Cahiers et de leur rapport au temps est complexe et se refuse à toute généralité. [#BV]
77: Le Nouveau Cirque, 251 rue Saint-Honoré, présente alors tous les soirs un spectacle intitulé La Foire de Séville. Cette salle, qui possède un bassin aquatique amovible, est destinée à accueillir les attractions les plus diverses. Inauguré le 12 février 1886 sur les lieux abandonnés par le célèbre Bal Valentino, le Nouveau Cirque bénéficie d’une vaste publicité grâce notamment aux affiches art nouveau de Jules Chéret. Il est détruit en 1929 et le nouveau bâtiment édifié dans les années trente abrite aujourd’hui l’hôtel Mandarin Oriental de Paris. [#PL]