01
0231
continuellement. Le château était à la fois ferme et habitation
03
les roues des voitures à bœufs, écrasaient en tournant les parterres de pétunias
04qui frissonnaient dans la cour, et montrait l'éclat de leurs fleurs
05panachées, légèrement fripées Les fossés étaient un jardin potager, et on y
06descendait de la cour, par deux longues échelles appliqués bout à bout du
07mur à pic. et sur ce lieu, à la fois, sauvage, campagnard et antique planait
08comme un mystère inquiétant la folie de la femme du propriétaire enfermée
09 seule dans la tour dans une féodale réclusion20
10Quelquefois on allait à la Ruchette21 – c'était une habitation carrée, affectant
11une forme géométriquement bizarre – elle avait l'air d'avoir été achetée
12toute
faite, rappelant ces photographies qu'on voit aux vitrines des agences
13 de locations, et les maisons de chef de gare et pour compléter son identité
14une ligne de chemin de fer en construction, à une distance de 500 mètres
15environ coupait le jardin récemment planté, où les arbres étaient
16 gros comme des cannes. Il y avait un perron sans marche et à toute
17heure du jour des fenêtres ouvertes sortaient des piailleries d'enfant
18Ils étaient nombreux les enfants en cette ruche, augmentés
19ponctuellement chaque année et déjà au nombre de 8 parmi lesquels
20plusieurs petites filles aux cheveux filasse ou roussissants
21Quand une voiture arrivait en visite on en voyait sortir de tous
22les coins, et la mère apparaissait en haut du perron, tenant le
23dernier né, et le ventre gonflé
du futur.
31
continuellement. Le château était à la fois ferme et habitation.
Les roues des voitures à bœufs écrasaient en tournant les parterres de pétunias qui frissonnaient dans la cour, et montraient l'éclat de leurs fleurs panachées, légèrement fripées. Les fossés étaient un jardin potager, et on y descendait de la cour, par deux longues échelles appliquées bout à bout du mur à pic. Et sur ce lieu, à la fois sauvage, campagnard et antique, planait,
comme un mystère inquiétant, la folie de la femme du propriétaire enfermée seule dans la tour, dans une féodale réclusion20.
Quelquefois on allait à la Ruchette21 : c'était une habitation carrée, affectant une forme géométriquement bizarre – elle avait l'air d'avoir été achetée toute faite, rappelant ces photographies qu'on voit aux vitrines des agences de locations, et les maisons de chef de gare ; et pour compléter son identité, une ligne de chemin de fer en construction, à une distance de 500 mètres environ, coupait le jardin récemment planté, où les arbres étaient gros comme des cannes. Il y avait un perron sans marche et, à toute heure du jour, des fenêtres ouvertes, sortaient des piailleries d'enfants. Ils étaient nombreux, les enfants, en cette ruche, augmentés ponctuellement chaque année, et déjà au nombre de huit, parmi lesquels plusieurs petites filles aux cheveux filasses ou roussissants. Quand une voiture arrivait en visite, on en voyait sortir de tous les coins, et la mère apparaissait en haut du perron, tenant le dernier né, et le ventre gonflé du futur.
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0231
continuellement. Le château était à la fois ferme et habitation
03
les roues des voitures à bœufs, écrasaient en tournant les parterres de pétunias
04qui frissonnaient dans la cour, et montrait l'éclat de leurs fleurs
05panachées, légèrement fripées Les fossés étaient un jardin potager, et on y
06descendait de la cour, par deux longues échelles appliqués bout à bout du
07mur à pic. et sur ce lieu, à la fois, sauvage, campagnard et antique planait
08comme un mystère inquiétant la folie de la femme du propriétaire enfermée
09 seule dans la tour dans une féodale réclusion20
10Quelquefois on allait à la Ruchette21 – c'était une habitation carrée, affectant
11une forme géométriquement bizarre – elle avait l'air d'avoir été achetée
12toute
faite, rappelant ces photographies qu'on voit aux vitrines des agences
13 de locations, et les maisons de chef de gare et pour compléter son identité
14une ligne de chemin de fer en construction, à une distance de 500 mètres
15environ coupait le jardin récemment planté, où les arbres étaient
16 gros comme des cannes. Il y avait un perron sans marche et à toute
17heure du jour des fenêtres ouvertes sortaient des piailleries d'enfant
18Ils étaient nombreux les enfants en cette ruche, augmentés
19ponctuellement chaque année et déjà au nombre de 8 parmi lesquels
20plusieurs petites filles aux cheveux filasse ou roussissants
21Quand une voiture arrivait en visite on en voyait sortir de tous
22les coins, et la mère apparaissait en haut du perron, tenant le
23dernier né, et le ventre gonflé
du futur.
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continuellement. Le château était à la fois ferme et habitation.
Les roues des voitures à bœufs écrasaient en tournant les parterres de pétunias qui frissonnaient dans la cour, et montraient l'éclat de leurs fleurs panachées, légèrement fripées. Les fossés étaient un jardin potager, et on y descendait de la cour, par deux longues échelles appliquées bout à bout du mur à pic. Et sur ce lieu, à la fois sauvage, campagnard et antique, planait,
comme un mystère inquiétant, la folie de la femme du propriétaire enfermée seule dans la tour, dans une féodale réclusion20.
Quelquefois on allait à la Ruchette21 : c'était une habitation carrée, affectant une forme géométriquement bizarre – elle avait l'air d'avoir été achetée toute faite, rappelant ces photographies qu'on voit aux vitrines des agences de locations, et les maisons de chef de gare ; et pour compléter son identité, une ligne de chemin de fer en construction, à une distance de 500 mètres environ, coupait le jardin récemment planté, où les arbres étaient gros comme des cannes. Il y avait un perron sans marche et, à toute heure du jour, des fenêtres ouvertes, sortaient des piailleries d'enfants. Ils étaient nombreux, les enfants, en cette ruche, augmentés ponctuellement chaque année, et déjà au nombre de huit, parmi lesquels plusieurs petites filles aux cheveux filasses ou roussissants. Quand une voiture arrivait en visite, on en voyait sortir de tous les coins, et la mère apparaissait en haut du perron, tenant le dernier né, et le ventre gonflé du futur.
Édition numérique des Cahiers d’Henri de Régnier