01
0224v
Tous les autres personnages n’existent pas, ils sont là pour expliquer, et pour
03créer des situations où les
deux héros auront à expliquer leurs sentiments.
04Le grand art de la Tragédie de Racinei c’est que ces héros
– il a su les débarrasser
05de tout ce qui aurait gêné cette expansion sentimentale – ils sont nus :
06ils sont cervelle et cœur.
07Lundi. 18. Dîner – un mari écrit à sa fem sur son menu qu'il fait passer à sa
08femme par le domestique des conseils à sa femme tels que : Parle moins etc.
09Se br… : faire danser l’anse du panier138.
10Mardi. 19 Avr. Sorti aujourd’hui sans but, attiré dehors par la promesse d’une
11chaude température, et j’ai été par les rues, sous un soirciel gris, lymphatique
12jambes molles, et pris d'ennui. Au Luxembourg, des branchages noirs et
13nus encore des arbres sortent des pousses
verdelettes, forme et nuance :
14pointe d'asperges –
trop d'enfants et de gens assis – un manque de silence pénible
15l'air traversé de rires et d’ébats de mômes inconscients – De l'ennui – pas même
16l’âcreté de remâcher de vieilles misères, seule l’écœurante solitude
17du rien, un manque d’intérêt – un seul plaisir à regarder une pelouse bien
18verte. Au fond de tout cela, un manque d’affection féminine –
19trop de calme – il me faudrait un éclair violent qui traverserait ma vie
20et qui me donnerait après le pouvoir de goûter l’apaisement, le retour
21au calme, la joie de la convalescente nuit, et je rentre un peu
22regaillardi139 d’avoir acheté sur le quais deux vieilles revues contemporaines140
23qui contiennent quelque prose de Villiersi.
24v
Tous les autres personnages n’existent pas, ils sont là pour expliquer, et pour créer des situations où les
deux héros auront à expliquer leurs sentiments. Le grand art de la Tragédie de Racinei c’est que ces héros
– il a su les débarrasser de tout ce qui aurait gêné cette expansion sentimentale – ils sont nus : ils sont cervelle et cœur.
Lundi. 18. Dîner – un mari écrit sur son menu qu'il fait passer à sa femme par le domestique des conseils à sa femme[sic] tels que : "Parle moins", etc.
Se br… : faire danser l’anse du panier138.
Mardi. 19 avril. Sorti aujourd’hui sans but, attiré dehors par la promesse d’une chaude température, et j’ai été par les rues, sous un ciel gris, lymphatique, jambes molles, et pris d'ennui. Au Luxembourg, des branchages noirs et nus encore des arbres sortent des pousses verdelettes, forme et nuance : pointes d'asperges. Trop d'enfants et de gens assis – un manque de silence pénible, l'air traversé de rires et d’ébats de mômes inconscients. De l'ennui, pas même l’âcreté de remâcher de vieilles misères, seule l’écœurante solitude du rien, un manque d’intérêt, un seul plaisir à regarder une pelouse bien verte. Au fond de tout cela, un manque d’affection féminine – trop de calme ; il me faudrait un éclair violent qui traverserait ma vie et qui me donnerait après le pouvoir de goûter l’apaisement, le retour au calme, la joie de la convalescente nuit ; et je rentre un peu regaillardi139 d’avoir acheté sur les quais deux vieilles revues contemporaines140 qui contiennent quelque prose de Villiersi.
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0224v
Tous les autres personnages n’existent pas, ils sont là pour expliquer, et pour
03créer des situations où les
deux héros auront à expliquer leurs sentiments.
04Le grand art de la Tragédie de Racinei c’est que ces héros
– il a su les débarrasser
05de tout ce qui aurait gêné cette expansion sentimentale – ils sont nus :
06ils sont cervelle et cœur.
07Lundi. 18. Dîner – un mari écrit à sa fem sur son menu qu'il fait passer à sa
08femme par le domestique des conseils à sa femme tels que : Parle moins etc.
09Se br… : faire danser l’anse du panier138.
10Mardi. 19 Avr. Sorti aujourd’hui sans but, attiré dehors par la promesse d’une
11chaude température, et j’ai été par les rues, sous un soirciel gris, lymphatique
12jambes molles, et pris d'ennui. Au Luxembourg, des branchages noirs et
13nus encore des arbres sortent des pousses
verdelettes, forme et nuance :
14pointe d'asperges –
trop d'enfants et de gens assis – un manque de silence pénible
15l'air traversé de rires et d’ébats de mômes inconscients – De l'ennui – pas même
16l’âcreté de remâcher de vieilles misères, seule l’écœurante solitude
17du rien, un manque d’intérêt – un seul plaisir à regarder une pelouse bien
18verte. Au fond de tout cela, un manque d’affection féminine –
19trop de calme – il me faudrait un éclair violent qui traverserait ma vie
20et qui me donnerait après le pouvoir de goûter l’apaisement, le retour
21au calme, la joie de la convalescente nuit, et je rentre un peu
22regaillardi139 d’avoir acheté sur le quais deux vieilles revues contemporaines140
23qui contiennent quelque prose de Villiersi.
24v
Tous les autres personnages n’existent pas, ils sont là pour expliquer, et pour créer des situations où les
deux héros auront à expliquer leurs sentiments. Le grand art de la Tragédie de Racinei c’est que ces héros
– il a su les débarrasser de tout ce qui aurait gêné cette expansion sentimentale – ils sont nus : ils sont cervelle et cœur.
Lundi. 18. Dîner – un mari écrit sur son menu qu'il fait passer à sa femme par le domestique des conseils à sa femme[sic] tels que : "Parle moins", etc.
Se br… : faire danser l’anse du panier138.
Mardi. 19 avril. Sorti aujourd’hui sans but, attiré dehors par la promesse d’une chaude température, et j’ai été par les rues, sous un ciel gris, lymphatique, jambes molles, et pris d'ennui. Au Luxembourg, des branchages noirs et nus encore des arbres sortent des pousses verdelettes, forme et nuance : pointes d'asperges. Trop d'enfants et de gens assis – un manque de silence pénible, l'air traversé de rires et d’ébats de mômes inconscients. De l'ennui, pas même l’âcreté de remâcher de vieilles misères, seule l’écœurante solitude du rien, un manque d’intérêt, un seul plaisir à regarder une pelouse bien verte. Au fond de tout cela, un manque d’affection féminine – trop de calme ; il me faudrait un éclair violent qui traverserait ma vie et qui me donnerait après le pouvoir de goûter l’apaisement, le retour au calme, la joie de la convalescente nuit ; et je rentre un peu regaillardi139 d’avoir acheté sur les quais deux vieilles revues contemporaines140 qui contiennent quelque prose de Villiersi.