01
0220v
et il rêvait longtemps110 à leurs syllabes, comme on rêve aux noms de
03femmes des vieux livres.
04
Notre Dame d'Oé111
– évoquait devant lui un sanctuaire asile d’une
05vierge roide et douce, tendant à tous de ses deux bras sortis, cerclés de
06la gaine des brocarts précieux, l’oblation
enfantine d’un fils
07divin.
08Pocé112 : quelque vieux châteaux113 ayant abrité de royale amours et des
09ennuis de châtelaines pâles, mais ces évocations trop historiques
10étaient perdues en un tel recul de vague et
d’éloignement
11qu’elles n’étaient qu’un charme indéfini et nostalgique à
12pleurer.
13Souvent au bord de la mer, il114 avait éprouvé des sensations assez
14analogues, mais moins formulées
– des désirs de départs, rêveries
15de mondes nouveaux, il avait rêvé de longs voyages, des flottaisons
16à travers l’immensité, et aux horizons, des Pays, sortis de l’inconnu
17et mystère – mais là, la Terre neuve était toute proche, et il avait
18l’âpre sensation
que toute facilité lui était donnée d’y aller, mais qu’il
19ne le ferait jamais et qu’il resterait toujours le sage et volontaire
20exilé.
21Il avait toujours volontiers émis cette théorie que le temps n’existait
22pas – et que l’illusoire fractionnement de la durée, en mois ans et
23jours, en passé, en présent, en avenir était une simple supercherie
24que grâce à la mémoire qui conserve et à l’imagination qui
25anticipe – il n’existait ni oubli ni surprise
26et il se révoltait maintenant contre l’oubli cette chose que
20v
et il rêvait longtemps110 à leurs syllabes, comme on rêve aux noms de femmes des vieux livres.
Notre-Dame-d’Oé111 évoquait devant lui un sanctuaire, asile d’une vierge roide et douce, tendant à tous, de ses deux bras sortis, cerclés de la gaine des brocarts précieux, l’oblation enfantine d’un fils divin.
Pocé112 : quelque vieux château113 ayant abrité de royales amours et des ennuis de châtelaines pâles, mais ces évocations trop historiques étaient perdues en un tel recul de vague et d’éloignement qu’elles n’étaient qu’un charme indéfini et nostalgique à pleurer.
Souvent, au bord de la mer, il114 avait éprouvé des sensations assez analogues, mais moins formulées – des désirs de départs, rêveries de mondes nouveaux ; il avait rêvé de longs voyages, des flottaisons à travers l’immensité, et aux horizons, des pays, sortis de l’inconnu et mystère – mais là, la Terre neuve était toute proche, et il avait l’âpre sensation que toute facilité lui était donnée d’y aller, mais qu’il ne le ferait jamais et qu’il resterait toujours le sage et volontaire exilé.
Il avait toujours volontiers émis cette théorie que le temps n’existait pas – et que l’illusoire fractionnement de la durée, en mois, ans et jours, en passé, en présent, en avenir était une simple supercherie, que – grâce à la mémoire qui conserve et à l’imagination qui anticipe – il n’existait ni oubli ni surprise, et il se révoltait maintenant contre l’oubli, cette chose que
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et il rêvait longtemps110 à leurs syllabes, comme on rêve aux noms de
03femmes des vieux livres.
04
Notre Dame d'Oé111
– évoquait devant lui un sanctuaire asile d’une
05vierge roide et douce, tendant à tous de ses deux bras sortis, cerclés de
06la gaine des brocarts précieux, l’oblation
enfantine d’un fils
07divin.
08Pocé112 : quelque vieux châteaux113 ayant abrité de royale amours et des
09ennuis de châtelaines pâles, mais ces évocations trop historiques
10étaient perdues en un tel recul de vague et
d’éloignement
11qu’elles n’étaient qu’un charme indéfini et nostalgique à
12pleurer.
13Souvent au bord de la mer, il114 avait éprouvé des sensations assez
14analogues, mais moins formulées
– des désirs de départs, rêveries
15de mondes nouveaux, il avait rêvé de longs voyages, des flottaisons
16à travers l’immensité, et aux horizons, des Pays, sortis de l’inconnu
17et mystère – mais là, la Terre neuve était toute proche, et il avait
18l’âpre sensation
que toute facilité lui était donnée d’y aller, mais qu’il
19ne le ferait jamais et qu’il resterait toujours le sage et volontaire
20exilé.
21Il avait toujours volontiers émis cette théorie que le temps n’existait
22pas – et que l’illusoire fractionnement de la durée, en mois ans et
23jours, en passé, en présent, en avenir était une simple supercherie
24que grâce à la mémoire qui conserve et à l’imagination qui
25anticipe – il n’existait ni oubli ni surprise
26et il se révoltait maintenant contre l’oubli cette chose que
20v
et il rêvait longtemps110 à leurs syllabes, comme on rêve aux noms de femmes des vieux livres.
Notre-Dame-d’Oé111 évoquait devant lui un sanctuaire, asile d’une vierge roide et douce, tendant à tous, de ses deux bras sortis, cerclés de la gaine des brocarts précieux, l’oblation enfantine d’un fils divin.
Pocé112 : quelque vieux château113 ayant abrité de royales amours et des ennuis de châtelaines pâles, mais ces évocations trop historiques étaient perdues en un tel recul de vague et d’éloignement qu’elles n’étaient qu’un charme indéfini et nostalgique à pleurer.
Souvent, au bord de la mer, il114 avait éprouvé des sensations assez analogues, mais moins formulées – des désirs de départs, rêveries de mondes nouveaux ; il avait rêvé de longs voyages, des flottaisons à travers l’immensité, et aux horizons, des pays, sortis de l’inconnu et mystère – mais là, la Terre neuve était toute proche, et il avait l’âpre sensation que toute facilité lui était donnée d’y aller, mais qu’il ne le ferait jamais et qu’il resterait toujours le sage et volontaire exilé.
Il avait toujours volontiers émis cette théorie que le temps n’existait pas – et que l’illusoire fractionnement de la durée, en mois, ans et jours, en passé, en présent, en avenir était une simple supercherie, que – grâce à la mémoire qui conserve et à l’imagination qui anticipe – il n’existait ni oubli ni surprise, et il se révoltait maintenant contre l’oubli, cette chose que