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02132
"Ah, une voiture j'ai toujours rêvé d'en faire une, je la retourne dans ma tête
03 et voici comme je la comprends : en tête les deux chevaux noirs, des coursiers
04 d'enfer menés par de muets cochers et dans la calèche la femme..
05 c'est un de mes commencements.. une occasion à dire ce que je
06 veux dire et ce sera terrible les femmes ne m'aimeront pas après...
07 La femme, elle par qui nous mourons est blessée, elle saigne chaque
08 mois et sait nous cacher sa blessure, c'est cette blessure que je veux
09 lui faire sentir –
il y a un pamphlet à faire, il faut que le
10 livre, une fois lui tombe des mains et qu'elle dise c'est bien ça ..
11 Voyez-vous, Régnier, nous avons pour âme une belle Dame qui
12 veut être entretenue richement et qui ne
nous donne rien
13 pour vivre...
14Le Poète est vaincu, et se retire, et s'asseoit au bord de la route, et va
15 se détourner, quand passe en sa voiture une Dame.
16 Et il se
dit : Pourquoi celle-ci en cette solitude, et en son luxe
17 insultant vient-elle au spectacle de mon agonie ...
18 Alors il s'approche d'elle et lui dit : C'est bien j'accepte tout, et te
19 permets de jouir de ton œuvre, mais avec moi pas d'orgueil
20 et je ne veux pas que tu fasse la fière ainsi casquée de la
21 chevelure guerrière.. et il la décoiffe et lui dit tout...
22 Tout à coup hors de la voiture, jailli du giron de la Belle qui le
132
"Ah, une voiture, j'ai toujours rêvé d'en faire une, je la retourne dans ma tête et voici comme je la comprends : en tête, les deux chevaux noirs, des coursiers d'enfer menés par de muets cochers, et dans la calèche, la femme.. c'est un de mes commencements.. une occasion à dire ce que je veux dire et ce sera terrible, les femmes ne m'aimeront pas après... La femme, elle par qui nous mourons, est blessée, elle saigne chaque mois et sait nous cacher sa blessure, c'est cette blessure que je veux lui faire sentir –
il y a un pamphlet à faire. Il faut que le livre, une fois, lui tombe des mains et qu'elle dise : "c'est bien ça".. Voyez-vous, Régnier, nous avons pour âme une belle Dame qui veut être entretenue richement et qui ne
nous donne rien pour vivre...
Le Poète est vaincu, et se retire, et s'asseoit au bord de la route, et va se détourner, quand passe en sa voiture une Dame. Et il se dit : "Pourquoi celle-ci en cette solitude, et en son luxe insultant, vient-elle au spectacle de mon agonie"... Alors il s'approche d'elle et lui dit : " C'est bien, j'accepte tout, et te permets de jouir de ton œuvre, mais avec moi, pas d'orgueil, et je ne veux pas que tu fasse la fière, ainsi casquée de la chevelure guerrière.. et il la décoiffe et lui dit tout... Tout à coup, hors de la voiture, jailli du giron de la Belle qui le
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"Ah, une voiture j'ai toujours rêvé d'en faire une, je la retourne dans ma tête
03 et voici comme je la comprends : en tête les deux chevaux noirs, des coursiers
04 d'enfer menés par de muets cochers et dans la calèche la femme..
05 c'est un de mes commencements.. une occasion à dire ce que je
06 veux dire et ce sera terrible les femmes ne m'aimeront pas après...
07 La femme, elle par qui nous mourons est blessée, elle saigne chaque
08 mois et sait nous cacher sa blessure, c'est cette blessure que je veux
09 lui faire sentir –
il y a un pamphlet à faire, il faut que le
10 livre, une fois lui tombe des mains et qu'elle dise c'est bien ça ..
11 Voyez-vous, Régnier, nous avons pour âme une belle Dame qui
12 veut être entretenue richement et qui ne
nous donne rien
13 pour vivre...
14Le Poète est vaincu, et se retire, et s'asseoit au bord de la route, et va
15 se détourner, quand passe en sa voiture une Dame.
16 Et il se
dit : Pourquoi celle-ci en cette solitude, et en son luxe
17 insultant vient-elle au spectacle de mon agonie ...
18 Alors il s'approche d'elle et lui dit : C'est bien j'accepte tout, et te
19 permets de jouir de ton œuvre, mais avec moi pas d'orgueil
20 et je ne veux pas que tu fasse la fière ainsi casquée de la
21 chevelure guerrière.. et il la décoiffe et lui dit tout...
22 Tout à coup hors de la voiture, jailli du giron de la Belle qui le
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"Ah, une voiture, j'ai toujours rêvé d'en faire une, je la retourne dans ma tête et voici comme je la comprends : en tête, les deux chevaux noirs, des coursiers d'enfer menés par de muets cochers, et dans la calèche, la femme.. c'est un de mes commencements.. une occasion à dire ce que je veux dire et ce sera terrible, les femmes ne m'aimeront pas après... La femme, elle par qui nous mourons, est blessée, elle saigne chaque mois et sait nous cacher sa blessure, c'est cette blessure que je veux lui faire sentir –
il y a un pamphlet à faire. Il faut que le livre, une fois, lui tombe des mains et qu'elle dise : "c'est bien ça".. Voyez-vous, Régnier, nous avons pour âme une belle Dame qui veut être entretenue richement et qui ne
nous donne rien pour vivre...
Le Poète est vaincu, et se retire, et s'asseoit au bord de la route, et va se détourner, quand passe en sa voiture une Dame. Et il se dit : "Pourquoi celle-ci en cette solitude, et en son luxe insultant, vient-elle au spectacle de mon agonie"... Alors il s'approche d'elle et lui dit : " C'est bien, j'accepte tout, et te permets de jouir de ton œuvre, mais avec moi, pas d'orgueil, et je ne veux pas que tu fasse la fière, ainsi casquée de la chevelure guerrière.. et il la décoiffe et lui dit tout... Tout à coup, hors de la voiture, jailli du giron de la Belle qui le
Édition numérique des Cahiers d’Henri de Régnier
