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qui transmettaient dans les chambre la vie de la rue que reflétait
03leurs inclinaisons diverses. au bout du canal il y avait une
04espèce de poste, la bourse je crois... plus loin les quais.
05Il y avait là amarrés de gros navires, aux coques peintes. qui dominaien
06le plat trottoir annelé d'anneaux. Je me souviens de deux d'entr eux
07l'un tout blanc, l'autre bleu, avec leurs proues élevées, leur air
08massif.. il y en avait, d'autre plein les bassins, qui s'immobilisaient
09dans l'eau morte voiles carguées, ou qui prêts à partir étaient blancs de
10toile, le Zuiderzée là-bas, était tout bleu, avec quelque voile, un panache
11de fumée peut-être aux horizons.. C'était un jour de grand soleil, çà
12et là des tas de sable, scintillaient de minimes cristaux, et je
13me souviens d'un pêcheur, qui jetait parfois dans l'eau pour amorces, des boules de glaises où il avait pétri des vers et des pourritures !
14J'ai vu là des paysages tristes et doux, des par lieux de prairies
15et d'eau, des villes bizarres, folles de
bruit, ou vides à jamais, de
16sublimes tableaux, et j'ai entendu quelques noms sonores qui
vibrent
17à mon oreille comme un écho de ces jours
18Revoir les lieux où l'on a vécu c'est revoir un peu de soi-même,
19un peu de sa vie, un peu de son âme
69
qui transmettaient dans les chambres la vie de la rue que reflétaient
leurs inclinaisons diverses. Au bout du canal, il y avait une espèce de poste, la Bourse, je crois... plus loin, les quais. Il y avait là amarrés de gros navires, aux coques peintes, qui dominaient
le plat trottoir annelé d'anneaux. Je me souviens de deux d'entre eux,
l'un tout blanc, l'autre bleu, avec leurs proues élevées, leur air massif.. Il y en avait d'autres plein les bassins, qui s'immobilisaient dans l'eau morte, voiles carguées, ou qui, prêts à partir, étaient blancs de toile ; le Zuyderzée, là-bas, était tout bleu, avec quelques voiles, un panache de fumée peut-être aux horizons.. C'était un jour de grand soleil, çà et là des tas de sable scintillaient de minimes cristaux, et je me souviens d'un pêcheur, qui jetait parfois dans l'eau pour amorces des boules de glaises où il avait pétri des vers et des pourritures !
J'ai vu là des paysages tristes et doux, des lieux de prairies et d'eau, des villes bizarres, folles de bruit, ou vides à jamais, de sublimes tableaux, et j'ai entendu quelques noms sonores qui vibrent à mon oreille comme un écho de ces jours.
Revoir les lieux où l'on a vécu, c'est revoir un peu de soi-même, un peu de sa vie, un peu de son âme.
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qui transmettaient dans les chambre la vie de la rue que reflétait
03leurs inclinaisons diverses. au bout du canal il y avait une
04espèce de poste, la bourse je crois... plus loin les quais.
05Il y avait là amarrés de gros navires, aux coques peintes. qui dominaien
06le plat trottoir annelé d'anneaux. Je me souviens de deux d'entr eux
07l'un tout blanc, l'autre bleu, avec leurs proues élevées, leur air
08massif.. il y en avait, d'autre plein les bassins, qui s'immobilisaient
09dans l'eau morte voiles carguées, ou qui prêts à partir étaient blancs de
10toile, le Zuiderzée là-bas, était tout bleu, avec quelque voile, un panache
11de fumée peut-être aux horizons.. C'était un jour de grand soleil, çà
12et là des tas de sable, scintillaient de minimes cristaux, et je
13me souviens d'un pêcheur, qui jetait parfois dans l'eau pour amorces, des boules de glaises où il avait pétri des vers et des pourritures !
14J'ai vu là des paysages tristes et doux, des par lieux de prairies
15et d'eau, des villes bizarres, folles de
bruit, ou vides à jamais, de
16sublimes tableaux, et j'ai entendu quelques noms sonores qui
vibrent
17à mon oreille comme un écho de ces jours
18Revoir les lieux où l'on a vécu c'est revoir un peu de soi-même,
19un peu de sa vie, un peu de son âme
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qui transmettaient dans les chambres la vie de la rue que reflétaient
leurs inclinaisons diverses. Au bout du canal, il y avait une espèce de poste, la Bourse, je crois... plus loin, les quais. Il y avait là amarrés de gros navires, aux coques peintes, qui dominaient
le plat trottoir annelé d'anneaux. Je me souviens de deux d'entre eux,
l'un tout blanc, l'autre bleu, avec leurs proues élevées, leur air massif.. Il y en avait d'autres plein les bassins, qui s'immobilisaient dans l'eau morte, voiles carguées, ou qui, prêts à partir, étaient blancs de toile ; le Zuyderzée, là-bas, était tout bleu, avec quelques voiles, un panache de fumée peut-être aux horizons.. C'était un jour de grand soleil, çà et là des tas de sable scintillaient de minimes cristaux, et je me souviens d'un pêcheur, qui jetait parfois dans l'eau pour amorces des boules de glaises où il avait pétri des vers et des pourritures !
J'ai vu là des paysages tristes et doux, des lieux de prairies et d'eau, des villes bizarres, folles de bruit, ou vides à jamais, de sublimes tableaux, et j'ai entendu quelques noms sonores qui vibrent à mon oreille comme un écho de ces jours.
Revoir les lieux où l'on a vécu, c'est revoir un peu de soi-même, un peu de sa vie, un peu de son âme.
Édition numérique des Cahiers d’Henri de Régnier