01
0234
leurs poignes solides ils ont la mission délicate d'arrêter la vie.
03Les arbres du cimetière sont tout verdoyants sous ces ondées d'Avril
04et frissonnent le long des larges allées qui montent en tournant
05et rappellent celles du bois de Boulogne – puis on s'arrête, et on
06promène le cercueil dans un véritable Labyrinthe de tombes qui
07se touchent presque, oun marche à la file et le fer mouillé des
08grilles frôle les vêtements. La tombe est un grand trou proprement
09maçonné, le prêtre murmur, et à travers les pyramides et les
10ornements funèbres qui rayent ciel, de leurs colonnes, de leurs
11aiguilles, de leurs urnes, à travers les feuillées fumeuses des
12saules, Paris s'aperçoit là-bas – bleutre et infini....
13Nous nous sommes promenés un peu dans le cimetière (pendant
14qu'on y est n'est-ce pas) le goût des familles est déplorable
15en fait de sépulture, parmi la bêtise générale36
il y a des inventions divertissantes pourtant telles le saule mi-crevé
16d'Alfred de Musseti37 et dont l'ombre est douteuse, et la tombe du mr qui a rapporté l'obélisque de Luqsor38, et qui crut
17bon de sommer sa tombdépouille d'un fac-similé du célèbre
18monolithe, et de figurer en traits d'or à sa face, une figure
19des travaux exécutés pour l'érection..
20Il y a une mode pour les tombes, il y a des tombes empire
34
leurs poignes solides, ils ont la mission délicate d'arrêter la vie. Les arbres du cimetière sont tout verdoyants sous ces ondées d'Avril
et frissonnent le long des larges allées qui montent en tournant et rappellent celles du bois de Boulogne ; puis on s'arrête, et on promène le cercueil dans un véritable labyrinthe de tombes qui se touchent presque ; on marche à la file et le fer mouillé des grilles frôle les vêtements. La tombe est un grand trou proprement maçonné ; le prêtre murmure, et à travers les pyramides et les ornements funèbres qui rayent leciel, de leurs colonnes, de leurs aiguilles, de leurs urnes, à travers les feuillées fumeuses des saules, Paris s'aperçoit là-bas – bleuâtre et infini...
Nous nous sommes promenés un peu dans le cimetière (pendant qu'on y est, n'est-ce pas) :le goût des familles est déplorable en fait de sépulture ; parmi la bêtise générale36 il y a des inventions divertissantes pourtant, telles le saule mi-crevé d'Alfred de Musseti37 et dont l'ombre est douteuse, et la tombe du monsieur qui a rapporté l'obélisque de Louksor38, et qui crut bon de sommer sa dépouille d'un fac-similé du célèbre monolithe, et de figurer en traits d'or à sa face, une figure des travaux exécutés pour l'érection...
Il y a une mode pour les tombes : il y a des tombes Empire,
01
0234
leurs poignes solides ils ont la mission délicate d'arrêter la vie.
03Les arbres du cimetière sont tout verdoyants sous ces ondées d'Avril
04et frissonnent le long des larges allées qui montent en tournant
05et rappellent celles du bois de Boulogne – puis on s'arrête, et on
06promène le cercueil dans un véritable Labyrinthe de tombes qui
07se touchent presque, oun marche à la file et le fer mouillé des
08grilles frôle les vêtements. La tombe est un grand trou proprement
09maçonné, le prêtre murmur, et à travers les pyramides et les
10ornements funèbres qui rayent ciel, de leurs colonnes, de leurs
11aiguilles, de leurs urnes, à travers les feuillées fumeuses des
12saules, Paris s'aperçoit là-bas – bleutre et infini....
13Nous nous sommes promenés un peu dans le cimetière (pendant
14qu'on y est n'est-ce pas) le goût des familles est déplorable
15en fait de sépulture, parmi la bêtise générale36
il y a des inventions divertissantes pourtant telles le saule mi-crevé
16d'Alfred de Musseti37 et dont l'ombre est douteuse, et la tombe du mr qui a rapporté l'obélisque de Luqsor38, et qui crut
17bon de sommer sa tombdépouille d'un fac-similé du célèbre
18monolithe, et de figurer en traits d'or à sa face, une figure
19des travaux exécutés pour l'érection..
20Il y a une mode pour les tombes, il y a des tombes empire
34
leurs poignes solides, ils ont la mission délicate d'arrêter la vie. Les arbres du cimetière sont tout verdoyants sous ces ondées d'Avril
et frissonnent le long des larges allées qui montent en tournant et rappellent celles du bois de Boulogne ; puis on s'arrête, et on promène le cercueil dans un véritable labyrinthe de tombes qui se touchent presque ; on marche à la file et le fer mouillé des grilles frôle les vêtements. La tombe est un grand trou proprement maçonné ; le prêtre murmure, et à travers les pyramides et les ornements funèbres qui rayent leciel, de leurs colonnes, de leurs aiguilles, de leurs urnes, à travers les feuillées fumeuses des saules, Paris s'aperçoit là-bas – bleuâtre et infini...
Nous nous sommes promenés un peu dans le cimetière (pendant qu'on y est, n'est-ce pas) :le goût des familles est déplorable en fait de sépulture ; parmi la bêtise générale36 il y a des inventions divertissantes pourtant, telles le saule mi-crevé d'Alfred de Musseti37 et dont l'ombre est douteuse, et la tombe du monsieur qui a rapporté l'obélisque de Louksor38, et qui crut bon de sommer sa dépouille d'un fac-similé du célèbre monolithe, et de figurer en traits d'or à sa face, une figure des travaux exécutés pour l'érection...
Il y a une mode pour les tombes : il y a des tombes Empire,
Édition numérique des Cahiers d’Henri de Régnier